C’est au cours de l’autopsie d’un noyé à l’automne 2004 que l’évidence s’est imposée aux médecins
légistes. Le repêchage d’un corps dans le canal de la Somme n’est pas un événement quotidien à la
morgue;
le choix de la musique nécessaire à accompagner cette tâche pénible était particulièrement crucial. Et
c’est autour de groupes comme les Saints ou le Crazy Horse qu’il fallait chercher la bande sonore de
l’après-midi.
La difficulté de l’autopsie fut vite oubliée dans les discussions musicales.
Les quatre collègues allaient se lancer dans une activité plus particulièrement destinée aux vivants: un
groupe de rock.
Les premiers accords se firent entendre dans la morgue dès la semaine suivante, et trois mois plus tard
le groupe disséquait ses morceaux en public.
Les terribles évènements qui ont conduit au départ de Joe à l’été 2010 vers des institutions
pénitentiaires et psychiatriques n’ont pas entamé l’enthousiasme des survivants, heureux de jouer
désormais à trois.